La comptabilité a, largement, évolué depuis la dématérialisation de ses systèmes et de ses opérations. Aujourd’hui, on estime que la digitalisation et la robotique peuvent effectuer 40 % du travail réalisé auparavant par les experts. Avec l’avènement de l’IA, diverses opérations assez complexes sont désormais réalisées par les machines. En effet, elles sont aptes à dresser des inventaires, à planifier un audit, à lire des contrats et à analyser des comptes. L’intelligence artificielle, appliquée dans de nombreux secteurs, a transformé le métier des comptables. Lui délégant certaines tâches, ces derniers se modernisent et se rapprochent encore plus de leurs clients. Ainsi, contrairement à ce qu’on aurait pu croire, le progrès technologique ne remplace pas l’humain. Dans ce cas particulier, il veille, même, à le renforcer dans sa singularité.
Qu’est-ce que l’intelligence artificielle ?
Le concept a, d’abord, été développé en 1950, par le mathématicien britannique Alan Turing. Ce dernier est, également, à l’origine de la théorie des ordinateurs. Il a développé le test de Turing qui permet de vérifier si un humain est capable de reconnaître, à l’aveugle, s’il interagit avec un vrai sujet ou avec une machine. S’il s’en avère incapable, alors, l’appareil est reconnu comme intelligent. En 1956, une conférence de Dartmouth a accordé à la Science des Données sa place en tant que domaine de recherche autonome.
Définition de l’IA
Il s’agit d’une faculté simulée par ordinateur et qui tend à imiter la logique humaine. Un ensemble de serveurs jouent le rôle de neurones artificiels. Ils permettent, ainsi, de faire des traitements, plus ou moins complexes, des informations stockées dans la base de données. Grâce à des algorithmes et à des calculs statistiques fastidieux, une infinité de comportements sont enregistrés dans la mémoire de la machine. Ces derniers seront ensuite, automatiquement, évalués et comparés entre eux. Cela permettra à l’appareil de faire le choix le plus pertinent et de prendre la meilleure décision face à un problème donné.
Comme la plasticité cérébrale du cerveau humain, l’IA ne cesse de devenir de plus en plus performante. Elle dépasse, parfois, de loin la faculté humaine, qui lui a donné naissance. Le machine Learning désigne l’ensemble d’appareils qui la cultivent, grâce entre autres, au Deep Learning. À l’instar du QI humain, on peut trouver des intelligences artificielles faibles (dites « narrow ») ou fortes.
Domaines d’application et critiques de l’intelligence artificielle
Évalué en 2015, le poids de l’IA pesait 200 millions de dollars sur le marché. Les prédictions annoncent 90 milliards de dollars en 2025. En effet, elle s’est infiltrée dans un nombre de secteurs impressionnant. Actuellement, elle est utilisée, entre autres, dans les banques, en médecine, en radiologie, dans le domaine militaire, par les GAFAM, dans les transports, dans les milieux industriels, en Finance et en Cryptomonnaie. Netbooster propose d’excellents articles sur ces deux derniers domaines.
Malgré ses nombreux avantages, cette innovation rencontre de nombreux sceptiques. Ces derniers craignent qu’elle soit utilisée de manière malsaine. D’autres redoutent une robotisation des entreprises et que les salariés perdent leurs emplois. Sur ce point, les experts se veulent rassurants. Ils déclarent que la machine ne pourra remplacer que les tâches automatiques et qui peuvent être lassantes. Elle ne prendra jamais la place de l’humain. Enfin, un dernier groupe de méfiants s’interroge sur les risques de l’usage de cette technologie en matière d’armement.
L’innovation au service de la comptabilité
L’intelligence artificielle offre de nombreux avantages pour les professionnels de la comptabilité. En permettant à ces derniers de suivre les opérations en temps réel, les prises de décision sont, donc, plus éclairées. De plus, elle permet de réduire les erreurs humaines. Ces bénéfices ne représentent qu’une goutte dans la mer d’opportunités qu’offre la technologie. Trois outils révolutionnaires sont derrière la révolution comptable.
Productivité et gain de temps grâce à l’ARP
L’automatisation robotisée des processus (ARP) permet de réduire considérablement le temps de travail des comptables. En effet, les outils utilisant cette technologie réalisent les tâches de recherche et d’analyse de données de manière systématisée. Ces opérations sont effectuées sur des bases de données de plus en plus volumineuses. Les robots effectuent également le traitement des factures, le suivi des opérations et procèdent au mailing pour informer fournisseurs et clients. De plus, contrairement à l’Homme, ils travaillent en continu, améliorant, ainsi, la productivité et la réactivité face aux demandes de la clientèle. L’autre point fort de ces outils, c’est qu’ils sont faciles d’utilisation pour les novices en matière de science des données.
Compétitivité et qualité de service perfectionnées avec le SE
Les outils de prise de décision ou Système Expert (SE) facilitent et améliorent le travail dans le domaine de l’audit. Ils sont, alors, capables de réaliser le processus de la planification à la rédaction du rapport. De plus, ils sont aptes à détecter les fraudes. Pour les fiscalistes, ils sont d’une grande aide pour la gestion des déclarations des revenus (grâce à Prosystems ou Chipsoft notamment), l’accumulation de l’impôt, les taxes et la planification fiscale. En matière de comptabilité financière, ils peuvent contribuer aux décisions d’investissement et à l’analyse des rapports.
Précision et exactitude grâce à l’apprentissage automatique
Cette dimension de l’IA permet d’affiner les prévisions comptables. En décortiquant toutes les anciennes prédictions, elle apprend et perfectionne ses analyses. Elle permet, ainsi, de repérer les risques d’impayés, par exemple. L’alerte permettra de les prévenir et de les limiter par la suite. Cela a révolutionné la comptabilité prédictive.
Le processus d’enregistrement des transactions, qui est l’un des processus les plus longs et monotones du métier, est allégé grâce à l’apprentissage automatique. Ce dernier permet, aussi, de détecter les opérations frauduleuses grâce à des logiciels comme le GL.ai de PwC ou le H2O.ai.
Automatisation à 100 % de la tenue comptable et de l’archivage
Grâce aux différents outils présentés, l’automatisation de la comptabilité est devenue un jeu d’enfant. En effet, de par sa nature, ce métier a trouvé en l’IA un allié de taille.
Le processus de robotisation
Grâce au Cloud, la numérisation de tous les composants des dossiers est partagée entre l’expert et son client. Ce dernier peut effectuer, lui-même, la mise en ligne de ses informations. Ainsi, le professionnel aura accès aux dernières mises à jour en temps réel.
Le robot intelligent se chargera des traitements demandés. Utilisant généralement une technologie de reconnaissance optique des caractères (OCR), il pourra effectuer l’identification, l’interprétation, le classement et la comparaison de différentes données. Ainsi, il réalisera la saisie, la préparation des devis et des factures, la gestion des paies, le bilan et la gestion de la TVA. Ces ensembles d’opérations de tenue comptable et d’archivage sont appris au fur et à mesure par la machine. Et ce, grâce aux mêmes techniques d’apprentissage humaines telles que le renforcement et l’essai et erreur. À chaque mauvaise manipulation, le système se réajuste et se perfectionne pour donner de meilleurs résultats et 100 % d’automatisation.
Les données générées par l’outil seront, ensuite, transmises directement aux concernés. Cela leur fait gagner du temps et leur évite de se déplacer. Cela leur garantie, en plus, des données plus fiables, plus rapidement.
La place de l’humain face à cette comptabilité augmentée
Réalisant les différentes actions à une vitesse impressionnante, ces appareils limitent le rôle du professionnel à la gestion du flux et à la vérification des anomalies. Cette limitation ne concerne que les tâches répétitives. En effet, loin des prédictions de l’institut Sapiens qui déclarait la disparition des spécialistes pour 2040, le métier connaît un virage très positif grâce à l’utilisation de l’IA. En effet, en l’ayant dispensé des tâches répétitives, cette dernière a fait évoluer la profession vers un service de conseil et de gestion d’entreprise. Ainsi, l’intelligence artificielle, est loin de concurrencer les humains. Elle leur ouvre de nombreuses opportunités et améliore leurs relations avec leurs clients. Pour Sanaa Moussaid, la présidente du comité transition numérique du Conseil supérieur de l’ordre des experts-comptables, ils ont désormais de nouveaux rôles. Ils devront guider les demandeurs de services dans le choix de l’outil automatisé. Ainsi, les cabinets de demain intégreront, obligatoirement, dans leurs équipes des data scientists et des data analysts.
Ainsi, cette alliance entre les deux domaines, qui se voulait être une mort annoncée pour la profession, se révèle être un excellent moyen de se réinventer.
Les conséquences de l’intégration de l’IA à la comptabilité
Les experts s’évertuent, dorénavant, à consacrer leurs efforts aux planifications stratégiques et aux prises de décision dans les entreprises. Les cabinets, qui sont passés à l’IA, se vantent d’avoir des employés plus épanouis. Ces derniers ne sont plus frustrés par les temps perdus en analyses rébarbatives. En plus, ils bénéficient, désormais de la reconnaissance des clients. En effet, ces derniers constatent, clairement, l’amélioration des services proposés et attestent de la valeur ajoutée par la technologique intelligente.
Cependant, la principale conséquence de cette métamorphose est l’impératif de former les équipes et de recycler leurs acquis. En effet, il faut que les professionnels de la comptabilité acquièrent de nouvelles compétences techniques, mais, également, transversales.
Acquisition de compétences en matière d’IA
Le Guyader (2019) affirme que, désormais, pour être recruté, le comptable se doit de maîtriser les langages de programmation et la science de traitement des données. Les entreprises doivent offrir aux anciens collaborateurs la chance de se familiariser avec les nouveaux outils. Des formations continues, des ateliers et des cours devraient être dispensés pour les employés. L’objectif serait de permettre à ces derniers d’apprivoiser les logiciels, de devenir calés en Big Data et de se tenir informé des plus récentes évolutions technologiques. Ils doivent, également, maîtriser le codage informatique et les processus d’apprentissage automatique.
Vu les risques de l’utilisation de l’intelligence artificielle, les professionnels doivent être sensibilisés à la réglementation générale de protection des données et à l’éthique. Les entreprises recourant à la technologie devraient réécrire leurs codes déontologiques pour garantir un usage sécurisant pour les clients et les employés.
Le cursus universitaire devrait, également, être constamment révisé. En effet, il devrait pouvoir s’ajuster à l’évolution vertigineuse de l’IA. Ainsi, une fois sur le marché de l’emploi, les débutants seront opérationnels et très demandés par les recruteurs.
Des soft skills spécifiques à la nouvelle génération de comptables
Les statuts de gestionnaire et de consultant requièrent des compétences communicationnelles très développées. En effet, le comptable est, désormais, un membre actif en entreprise. Travaillant en équipe avec ses collaborateurs, mais aussi en contact direct avec la clientèle, il doit inspirer la confiance. Il doit être crédible et maîtriser le storytelling. L’empathie et l’art du débat sont recherchés dans le métier. Toutes ces qualités feront du spécialiste en comptabilité un bon leader. Il saura, ainsi s’imposer, convaincre et assister ses collègues. Enfin, la pensée critique et la créativité sont des conditions sine qua non de la profession. Sans elles, toutes les opérations sont vouées à l’échec.
Comment passer à l’IA ?
La transition peut se faire de manière rapide ou progressive selon le désir du cabinet. Certains préféreront y aller doucement pour que cela se fasse sans stress et sans frustration. D’autres choisiront de se lancer courageusement et de bénéficier, rapidement, des avantages technologiques. Quelle que soit la manière adoptée, il faut être sûr de son choix, suivre un certain processus et évaluer le coût.
Définir les raisons du passage à L’IA
Si la rentabilité d’une organisation est en baisse et que les équipes sont de plus en plus lasses des tâches monotones qui réduisent leurs temps accordés aux clients, le passage à l’IA peut être une excellente alternative. De plus, cela apportera une valeur ajoutée au travail. Selon l’enquête de la Cegid, réalisée en 2020, seuls 35 % des entrepreneurs sont actuellement satisfaits par l’aide à la prise de décision fournie par les comptables. Cela pose des questions sur l’efficience de ces professionnels qui se passent des services de l’intelligence artificielle. L’utilisation des nouveaux logiciels est donc un impératif pour se démarquer aujourd’hui. Même si certaines entreprises sont encore frileuses, 23 % des cabinets ont déjà franchi le pas.
Les étapes de la transition
Il faudrait, d’abord, veiller à préparer scrupuleusement les équipes. Le responsable devra démystifier le monde des sciences de données et présenter tous les avantages que cela apportera au quotidien. Un travail de réassurance et de préparation au changement doit, également, être réalisé en amont.
Les clients, devront, ensuite, être avertis de ces avantages. Car eux, aussi, changeront de mode d’interaction avec leurs comptables. Ils pourront communiquer en temps réel avec eux. Le traitement des dossiers se fera plus rapide et évitera les erreurs.
Par ailleurs, il faudra préparer et compléter les dossiers qui seront ensuite traités par l’IA.
Enfin, la phase pilote implique des choix. Le directeur du cabinet devra sélectionner les acteurs de cette étape cruciale pour la réussite. Ainsi, seul un petit nombre de collaborateurs et de clients sera sollicité. Ces derniers communiqueront, ensuite, en interne et en externe pour faciliter le vrai démarrage.
Le coût de la transition
Parmi les principaux freins au passage à l’intelligence artificielle, il y a son prix. En effet, l’accès à cette technologie requiert un budget conséquent. L’organisation qui compte l’adopter devra bien étudier la balance coût / bénéfices. Il faudra que le nombre de dossiers à traiter garantisse la rentabilité de l’investissement. Ce dernier englobera les robots intelligents, mais également, leurs entretiens. Il ne faudra pas oublier, que cette technologie étant en éternelle évolution. Certains logiciels peuvent devenir désuets. Les frais de la transition englobent, aussi, les formations des employés. Ces dernières impacteront, également, le temps de travail au début.
Cependant, ce frein ne devrait pas exister vu les nombreux avantages que cela apportera au cabinet. Plus le changement tardera, plus il sera difficile de concurrencer les collègues.