Les 8 et 9 juin derniers se tenaient au Kazakhstan le grand raout diplomatique du « forum international d’Astana ». Sommet dédié aux grands enjeux économiques, qui a accordé cette année de nombreuses heures de débats et de négociations sur le « middle corridor », axe de transport entre Asie et Europe à travers la Caspienne.
Le Forum International d’Astana, c’est une plateforme mondiale de dialogue réunissant des leaders politiques, des acteurs économiques et des universitaires chaque année depuis 2008. Alors que les sujets des villes intelligentes ou les enjeux énergétiques dominaient les échanges les dernières sessions, celle de cette année a fait la part belle à la transformation de la mondialisation et en particulier en Asie.
Car l’un des sujets centraux de ces deux jours fut bel et bien le « middle corridor », également connu sous le nom de « Trans-Caspian International Transport Route », une voie commerciale vitale reliant la Chine et l’Union européenne. Englobant des liaisons ferroviaires, maritimes et de fret, il traverse le Kazakhstan, l’Asie centrale, l’Europe de l’Est et la Turquie, en traversant la mer Caspienne et la mer Noire.
Et au cours de l’année 2022, les expéditions de marchandises le long de cette route ont augmenté de manière significative, atteignant un record de 3,2 millions de tonnes, soit une augmentation de 52 % par rapport à l’année précédente. Une croissance qui a suscité l’intérêt de nombreuses entreprises de transport en Europe, telles que le groupe autrichien Rail Cargo Group, les danois de Maersk, les Finlandais Nurminen Logistics et les Hollandais Rail Bridge Cargo.
Une nouvelle route de la soie ?
Un développement rapide, car l’un des avantages majeurs du Corridor Central est sa rapidité : les marchandises en provenance de Chine peuvent atteindre le marché de l’Union européenne en seulement 12 jours, ce qui représente une réduction significative par rapport à la voie maritime traditionnelle via l’océan Indien, qui peut prendre entre 22 et 37 jours.
Cependant, pour tirer pleinement parti du potentiel du Corridor Central, les différents pays de la région – et en premier lieu le Kazakhstan – cherchent à garantir la mise en place des infrastructures nécessaires. Astana a déjà investi considérablement dans l’augmentation de la capacité de cette voie commerciale : en septembre 2022, un accord de 900 millions de dollars a été conclu entre les Émirats arabes unis et le Kazakhstan pour soutenir les projets liés au Corridor Central. La Chine, par le biais de son Initiative de la Ceinture et de la Route, ainsi que l’Union européenne, via la Global Gateway, ont également apporté des contributions significatives pour renforcer cette voie commerciale et améliorer la connectivité.
Car pour les Européens, les avantages économiques du « Middle Corridor » sont nombreux. Outre l’approvisionnement en énergie essentiel pour l’Europe, cette voie commerciale facilite également les exportations européennes de produits de luxe vers toute l’Asie.
Les réglementations, l’interopérabilité des réseaux ferroviaires et la maintenance des infrastructures de cette nouvelle voie de circulation ont donc largement été négociées et débattues à Astana ces derniers jours. Un enjeu devenu plus important que jamais, dans un contexte où les chaînes d’approvisionnement mondiales sont de plus en plus exposées à des perturbations, soulignant ainsi la nécessité de renforcer la résilience de la région.
Le Kazakhstan est en train de devenir un acteur clé du transport de marchandises en Asie centrale, ce qui lui permet de développer ses propres hubs de transit et de commerce. Et les alliances stratégiques nouées par Astana avec des partenaires tels que la Turquie, l’Ouzbékistan et l’Azerbaïdjan témoignent de la volonté politique de soutenir massivement le développement du « Middle Corridor ».